Sur le Dix de Coupe, les formes végétales sinueuses et grimpantes des cartes précédentes se sont volatilisées. Seuls restent les calices dont le dixième, couché et immense, porte un couvercle orné d'une fleur à quatre pétales dorés. L'Amour universel a fait place nette des drames émotionnels. Au centre de l'illustration, Shivah et Shakti s’enlacent dans une valse lascive. Leur danse sensuelle et rythmée s’apparente, peut-être, à un combat pour la suprématie du féminin sur le masculin. A moins que la déesse ne tire les cheveux de son partenaire pour lui rappeler tendrement que virilité n’est pas synonyme de violence et que l’action tire sa puissance fondamentale de son ouverture à la réceptivité. Ce dessin, librement inspiré des statues érotiques qui ornent les parois extérieures des temples de Khajurâho en Inde, propose une évolution à son homologue de granit.... En y regardant de près, on discerne sans doute la rondeur du ventre de Shakti. Le couple sacré est au sommet de l’oeuvre amoureuse. L’harmonie est parfaite entre les époux et le temps est venu de transmettre. Le don d'Amour peut désormais être offert à leur descendance pour qu’il se perpétue de génération en génération. D'après "Shakti et Shivah", temples de Khajurâho, Madhya Pradesh, Inde (X et XIème siècles)