La beauté du tarot de Marseille attribué à Nicolas Conver (1784 - 1833) réside dans la simplicité de son style graphique. Le caractère naïf, voire primitif, de ses illustrations est particulièrement exprimé dans la suite des mineurs. Les représentations organiques qui y figurent nécessitent, a priori, une connaissance d'initié pour en déchiffrer les symboles et comprendre leur signification. Pourtant, l’œil curieux et joueur discernera tantôt un totem et tantôt un masque tribal dans les circonvolutions des branches, des tiges, des feuilles et des fleurs qui occupent l'essentiel de l'espace des cartes mineures. Avec un petit peu de recul, le Trois de Coupe dessine deux coeurs ouverts imbriqués l'un dans l'autre... ou le visage d'un faune, peut-être un satyre, bouche ouverte et langue tirée, que l'on se plaira à imaginer bienveillant. En montant, les tiges latérales jaunes se scindent en trois branches dont les parties basses éclosent en bulbes de pavot. Les tigettes médianes, de couleur rouge, forment les oreilles... et tout en haut, les pétales bleu-orangé semblent imiter des cornes. Dans cette optique, comment ne pas prêter au Trois de Coupe une connotation toute dionysiaque? Enfin, les mains ajoutées au design d'origine brandissent les coupes comme pour trinquer. Empruntées aux représentations anglo-saxonnes du Trois de Coupe, elles soulignent encore davantage l'écho joyeux et festif que cette carte fait sonner à nos oreilles. À ta santé!